De leur rencontre durant l’année de préparation aux JMJ à Lisbonne en 2023 est né Two Disciples. Ce duo composé de deux jeunes chrétiens, Thibault Pfeffer et Benoît Gélébart, a créé la chaîne YouTube du même nom pour donner de « l’énergie aux missionnaires ». Interview des réalisateurs de la série Juste et bon, produite par le CFRT/Le Jour du Seigneur.

 

Vous avez créé la chaîne YouTube Two Disciples, avec des contenus sur la culture chrétienne, la Bible… Comment est née l’idée Two Disciples ?
Nous ne trouvions pas le contenu chrétien qui nous plaisait sur YouTube. Il y a beaucoup de vidéos de première évangélisation mais peu pour les chrétiens déjà bien engagés dans la foi. Suite à ce constat et de longues discussions, une idée est venue : et si on créait nous-même ce contenu sur internet ? De là est née notre chaîne YouTube Two Disciples avec ce slogan : “Dope for Missionaries”, c’est-à-dire “donner de l’énergie pour les missionnaires.” Cela faisait des années que l’on suivait le Seigneur dans notre quotidien et nous avons reçu cet appel de devenir ses disciples mais particulièrement sur internet. Rapidement, des portes se sont ouvertes et nous avons pu lancer la chaîne en octobre 2023.

Vous avez plus de 10 000 abonnés sur votre chaîne en 1 an ! Comment expliquez-vous le succès de vos vidéos ?
C’est une surprise ! Lorsque nous avons démarré, nous n’imaginions pas qu’il y ait un tel public pour ce genre de contenus. En regardant en arrière, nous comprenons pourquoi : si nous ne trouvions pas ce genre de contenus sur Internet, c’était également le cas pour de nombreuses personnes autour de nous. Il y a donc un public jeune qui recherche ce genre de vidéos contenus qui parlent de la foi et de la mission avec de l’humour, un ton léger, humoristique et un langage propre à YouTube. Au début, il y a eu beaucoup d’expérimentation. Mais nous avons appris ce métier pas à pas, sur le fond et la forme, à dire ce que nous portions avec les codes YouTube. L’ambition de la chaîne : augmenter ne serait-ce que de 1% le niveau d’ambition des missionnaires.

Vous traitez de sujets variés, de pop culture, de la série The Chosen, Pharrell Williams, à la bière d’abbaye… Quelles sont vos sources d’inspiration ? 
Nous distinguons deux types de sources : celles sur le fond et celles sur la forme. Sur le fond, c’est une veille constante, et une façon d’être enraciné dans un territoire ecclésial plus vaste que nous. Nous avons la chance de discuter avec beaucoup de gens un peu partout dans le monde, et d’être inspirés par différents projets. Et sur la manière de prendre la parole, nous sommes inspirés par des Youtubeurs bien sûr, mais pas uniquement chrétiens. Par exemple, David Castello-Lopes qui mêle humour et information. On observe une tendance de fond de raconter des histoires sur YouTube. C’est pour cela que nous sommes partis sur ce premier format de documentaires sur la vie de missionnaires. Si nos contenus sont plutôt de niche, certaines de nos vidéos font quand même 100 000 vues ! C’est assez impressionnant de voir l’impact que cela peut avoir dans la vie des gens. 

Vous travaillez l’art du storytelling, vous créez des formats qui répondent aux codes des réseaux… Comment peut-on vous qualifier ? Influenceurs ? Passeurs ?
Nous avons 2 activités distinctes : la création de vidéo pour notre propre média sur YouTube et la production de vidéos pour d’autres. Avec notre chaîne YouTube, nous nous qualifions plutôt de « disciples sur Internet » qu’influenceurs. Notre intention est de parler du Christ sur Internet comme on pourrait le faire dans la rue. Deuxièmement, nous avons cette activité de studio de création pour différents médias. L’idée est de faire ce pont entre la culture YouTube et l’Église catholique. Avec la création de vidéos, l’objectif est de parler de la foi à un plus large public. Avec les codes de YouTube, nous traduisons ce qu’est la foi catholique d’aujourd’hui, sa culture et son histoire avec des mots, des formats et images adaptés à notre génération du, au XXIe siècle. 

Vous appartenez à une jeune génération ultra connectée, qui allie foi et digital. Comment expliquez-vous la vivacité de l’Église numérique ?
Aujourd’hui, on constate une vague, un engouement sur la création de vidéos. Ce qui nous touche, c’est la diversité des moyens de parler de la foi. Par exemple, Le chant des cathédrales aborde le patrimoine, frère Paul-Adrien, la prédication, sœur Albertine, la vie religieuse dans l’action missionnaire. Ce à quoi nous sommes sensibles, dans l’Église numérique, c’est la multiplicité de ses facettes, davantage mise en lumière par les créateurs de contenus. On observe en particulier en France un foisonnement d’initiatives, de projets numériques. La France fait partie des pays leaders. Nous avons été invités en Suisse, en Belgique, et nous avons senti ce mouvement de fond français, et en Europe. L’autre fait notable, c’est l’unité entre créateurs de contenus, au-delà de l’Église catholique, dans l’univers chrétien. Dans cette Église numérique, étant donné qu’il n’y a plus de murs, de séparation de mouvements, on observe une grande universalité. Nous pensons aussi que venant d’Internet, il y a cette vraie culture du « feat », de réaliser des projets ensemble et qui représente bien ce qu’est l’Église. Le pape François dit souvent qu’il faut « aller aux périphéries », et Internet représente vraiment une occasion d’aller plus loin ensemble et de toucher encore plus de personnes que celles que l’on pourrait côtoyer. Grace aux algorithmes, on touche une audience encore plus large.

Vous avez réalisé la série Juste et bon, produite par le CFRT/Le Jour du Seigneur. Pouvez-vous nous la pitcher ? 
Raconter et décrypter en 1’30’’ les habitudes de la messe avec un format léger, un ton décalé, pour mieux comprendre les gestes de la messe, leurs origines et leur sens et réaliser à quel point, c’est juste, et à quel point, c’est bon !

Quelle est la particularité de la série ?
L’Eglise Catholique existe depuis plus de 2000 ans. Et ces multiples années sont porteuses d’une tradition riche qui nous précède et nous oblige. C’est la première fois que nous produisons ce type de contenu qui se veut consommable rapidement, avec un ton résolument internet et qui cherche à expliquer le sens des gestes et des habitudes. La confiance accordée par les frères dominicains du CFRT et par les équipes responsables du numérique nous a beaucoup touché. Cette série tient ses promesses d'accessibilité et de profondeur.

Quels sont vos projets ? 
Nous avons lancé une deuxième chaîne « Disciples Talks » avec des contenus sous forme de discussions, sur un ton léger, moins écrit. Nous avons aussi le projet de faire davantage du live pour interagir avec la communauté et produire des contenus pour d’autres médias, en collaboration sur des styles que nous n’avons pas encore explorés. Une grande partie de notre énergie est liée à stimuler, à encourager, à rencontrer des créateurs de contenus en France et à l’étranger pour développer davantage la création de contenu chrétien sur internet. Avec toujours cette interrogation : comment garder la pleine communion avec l’Eglise tout en la mettant en valeur, tout en explorant de nouveaux terrains d’évangélisation ? Nous souahitons proposer de nouveaux formats audacieux. Tout reste à inventer ! Notre ambition est d’inventer une nouvelle façon d’être chrétien sur YouTube. Two Disciples est un laboratoire, pour ouvrir de nouveaux chemins, d’autres horizons pour faire exister ce pont entre Internet qui n’existe que depuis 50 ans et une Église institutionnelle multimillénaire !

Propos recueillis par Marie-Aude Lenain

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