Dans la tradition du théâtre musical allemand de ces dernières années, quand l’interprétation ré-orchestrée et parfois même décalée des chefs d'œuvre du répertoire dévoile leurs réalités cachées, “Sans tambour” révèle la faille, la fêlure et le grain de folie de toute âme humaine. Devenu fou lui-même, Robert Schumann est l’un de ces musiciens dont l'œuvre surplombe sans cesse - et non sans innocence - l’inquiétant précipice qui brusquement se creuse dans tout vague à l’âme.
Corps penchés, têtes baissées, mouvements arrêtés et saccadés au rythme d’un solo, d’un duo, d’un trio, d’un quatuor et d’un quintette. Déclamation et chant lyrique s’articulent et se désarticulent. C’est comme si la mécanique humaine se pliait devant la puissance de la musique, comme si un ordre de la culture - qui nous échappe - prévalait sur celui de la physique - que l’on croit maîtriser. La musique accompagne ou donne le rythme lorsque tout littéralement sur le plateau, se casse, s’effondre, des rêves à la réalité, des murs de la maison au piano suspendu, de l’amour à la perception de soi. Le « Roi des ratés », malheureux et rejeté, au milieu des ruines, donne sa leçon au monde. Non sans panache. Burlesque et cocasse, à la manière de Burster Keaton, le spectacle se poursuit, surréaliste et inquiétant, à la manière de “Drôle de drame” de Marcel Carné. Et le public, désarçonnée et sidéré, de rire des situations les plus improbables dont se joue, facétieux, le mistral qui, tel un artiste associé, ne cesse d’envahir toutes les scènes du Festival d’Avignon cette année.
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Animés d’un brin de romantisme, il y a tous ceux qui aiment Brahms, lorsque l’amour - impossible - ne peut se dire si ce n’est au gré d’un accord musical, mais il y a aussi tous ceux et celles qui aiment Schumann, la musique de l’indicible, quand résonne au fond de soi ce que les mots ne peuvent exprimer. Dans le cloître des Carmes, grâce à “Sans tambour” de Samuel Achache, le phrasé musical de Robert Schumann résonne quand tout s’effondre autour de soi, et en soi-même, quand la “Heimat”, le chez soi de tout un chacun, se dérobe dans le fracas de l’incommunicable.
Frères Remy Vallejo et Thierry Hubert
Corps penchés, têtes baissées, mouvements arrêtés et saccadés au rythme d’un solo, d’un duo, d’un trio, d’un quatuor et d’un quintette. Déclamation et chant lyrique s’articulent et se désarticulent. C’est comme si la mécanique humaine se pliait devant la puissance de la musique, comme si un ordre de la culture - qui nous échappe - prévalait sur celui de la physique - que l’on croit maîtriser. La musique accompagne ou donne le rythme lorsque tout littéralement sur le plateau, se casse, s’effondre, des rêves à la réalité, des murs de la maison au piano suspendu, de l’amour à la perception de soi. Le « Roi des ratés », malheureux et rejeté, au milieu des ruines, donne sa leçon au monde. Non sans panache. Burlesque et cocasse, à la manière de Burster Keaton, le spectacle se poursuit, surréaliste et inquiétant, à la manière de “Drôle de drame” de Marcel Carné. Et le public, désarçonnée et sidéré, de rire des situations les plus improbables dont se joue, facétieux, le mistral qui, tel un artiste associé, ne cesse d’envahir toutes les scènes du Festival d’Avignon cette année.
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Un vent de folie au festival d’Avignon
Animés d’un brin de romantisme, il y a tous ceux qui aiment Brahms, lorsque l’amour - impossible - ne peut se dire si ce n’est au gré d’un accord musical, mais il y a aussi tous ceux et celles qui aiment Schumann, la musique de l’indicible, quand résonne au fond de soi ce que les mots ne peuvent exprimer. Dans le cloître des Carmes, grâce à “Sans tambour” de Samuel Achache, le phrasé musical de Robert Schumann résonne quand tout s’effondre autour de soi, et en soi-même, quand la “Heimat”, le chez soi de tout un chacun, se dérobe dans le fracas de l’incommunicable.
Frères Remy Vallejo et Thierry Hubert