La série Sanctuaire(s) dévoilera sa quatrième saison prochainement. Terre Sainte, Algérie, Espagne, Italie…. Les épisodes à venir vous emmèneront sur les bords de la Méditerranée. Telle une déambulation contemplative portée par la voix d’un pèlerin, chaque épisode de 5 minutes offre un voyage dans un lieu chargé de sens et de symboles. Le réalisateur Jean-Rodolphe Petit-Grimmer revient sur la réalisation originale et partage les coulisses de tournage. Une série produite avec le soutien de la Fondation H.


Le concept de la série Sanctuaire(s) est de cheminer à travers le sanctuaire. Quels sont les moyens de réalisation pour y parvenir ?
Le défi de la série est de faire découvrir les lieux tel qu’un pèlerin les visiterait. Le plan séquence, sans coupe, avec caméra subjective, apporte l’impression de cheminer de la même manière que l’aurait fait le pèlerin, avec la même durée de visite. On ne peut pas tricher avec l’espace et le temps. La durée des épisodes oscille entre 4 et 6 minutes, en fonction du lieu. Chaque épisode se conclut par un plan filmé par un drone. Ces images finales donnent de la hauteur au lieu qui a aussi une histoire à raconter d’en haut. Elles symbolisent la légèreté du pèlerin, délesté de son sac à dos et de ses soucis, et qui arrive au terme de son voyage.

La série est remarquable par l’alchimie entre les images et les mots. Comment faire s’accorder ces deux éléments ?
Je reçois les textes de l’auteur avant le début du tournage. Dans son écriture, le frère Yves Combeau offre un cheminement logique dans la visite du sanctuaire avec des indications. Cette écriture fournit une base de tournage très précise avec ce que le pèlerin ressent mais aussi les détails architecturaux. Cela devient ensuite comme une sorte de jeu de suivre ce parcours déjà balisé. Il peut éventuellement y avoir une adaptation par rapport au contexte si nous avons rencontré des imprévus sur place. Il y aura donc des ajustements de texte en post-production.

Comment créer une expérience sensorielle à l’image ?
La stabilité de l’image doit être impeccable pour restituer la sensation de la marche du pèlerin. L’entrée dans le lieu se fait parfois grâce à la main qui pousse la porte du sanctuaire. L’expérience sensorielle et l’émotion résident également dans l’apport artistique. Bénédicte Pellerin, la compositrice, crée une musique spéciale ainsi que les bruitages pour chaque épisode. Les textes sont lus par le comédien Valentin de Carbonnières. Enfin le ruban blanc, créé en motion design, guide le pèlerin et ouvre la voie en jouant avec l’architecture. Cette complémentarité technique et artistique fait de chaque épisode une expérience unique.

Après plusieurs saisons à capter la beauté de ces édifices, avez-vous une anecdote de tournage ?
À Chartres, il était prévu de commencer la visite de la cathédrale par une porte latérale qui n’était plus utilisée depuis des années. Nous avons demandé la clé, qui était perdue depuis longtemps, auprès de l’équipe sur place. Nous avons fait rouvrir la porte et là, surprise ! Nous avons réveillé toute une famille de chauves-souris qui s’est envolée soudainement. C’était impressionnant et touchant ! Si cette issue n’est plus aujourd’hui parcourue par le pèlerin, elle nous rappelle son utilisation historique.

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Sanctuaires - la cathédrale de Chartres
La nouvelle saison de Sanctuaire(s) nous emmène en Méditerranée. Comment préparez-vous ces nouveaux tournages en Terre Sainte, en Espagne ou encore en Italie ?
Je ne pensais pas qu’au lancement de la série, nous irions aussi loin et jusqu’à quatre saisons ! Plusieurs mois en amont, il y a toute une phase de recherche d’informations, de descriptions, de plans, de photos… Google et les vidéos de touristes sont des supports précieux pour se forger l’idée la plus juste de la topologie des lieux.

À quel(s) défi(s) technique(s) êtes-vous confronté ?
Avec le plan séquence, on sait comment on commence mais pas forcément comment on va finir ! Il peut y avoir des imprévus comme l’apparition de touristes dans le champ, des travaux, une météo capricieuse… La lumière est aussi un facteur très important à prendre en compte. La luminosité du matin n’est pas la même que celle de la mi-journée. Au fil des saisons, nous arrivons avec Fred, le cadreur, à éviter les pièges. Il faut que tout soit parfait le temps d’une prise entière. Cela devient une véritable chorégraphie ! Pour le tournage à l’église de la Nativité, à Bethléem, en Palestine, nous avons un premier défi à relever. Nous devons franchir la porte de l’humilité, une toute petite porte d’à peine plus d’un mètre. Il va falloir trouver une solution technique pour rendre compte des dimensions étonnantes de cette porte.

Vous allez tourner dans des lieux emblématiques comme la Sagrada Família à Barcelone. N’est-ce pas impressionnant d’aborder cette basilique géante ?
En effet, la Sagrada Família est un lieu très connu avec des images vues et revues. Pourtant, je pense que la montrer tel que Sanctuaire(s) le permet n’a pas été réalisé jusqu’à présent. Ce concept apportera une vision différente et unique, avec les images en plan séquence, la musique, emmenée par les textes d’Yves Combeau, telle une visite de pèlerin. Sans doute une première pour ce lieu !

 En licence d’Art du Spectacle mention cinéma à la Sorbonne Nouvelle, c’est un peu par hasard que Jean-Rodolphe Petit-Grimmer met un pied sur les plateaux télé en tant qu’assistant réalisateur en 1999. Il travaille alors aussi bien sur des tournages de cinéma ou de clips que sur des captations de spectacles et des émissions de flux. Il réalise depuis plusieurs années des messes télévisées pour l’émission Le Jour du Seigneur, diffusée sur France 2. Il sait capter la signification d’un lieu de foi, filmer des églises sous tous les angles sans jamais manquer de restituer une intensité spirituelle à l’image.

Découvrez bientôt les épisodes inédits en Terre Sainte.

Découvrez tous les épisodes déjà disponibles de la série Sanctuaire(s)

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