Le CFRT/Le Jour du Seigneur a sollicité Toluna – Harris Interactive pour dresser un portrait des chrétiens afin d’identifier et comprendre leurs attentes. Suite à la publication de cette étude, Benoît Cassaigne, président du CFRT/Le Jour du Seigneur, décrypte les résultats.
L’expression d’une certaine bienveillance vis-à-vis de l’Église s’accompagne d’une attente de changements.
L’appartenance religieuse est considérée en France comme une donnée sensible. Les informations sont d’autant plus rares que les statistiques ethniques et religieuses sont interdites par la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978.
Soucieux de bien connaître son public et d’identifier leurs attentes, le CFRT, producteur du Jour du Seigneur, a mené une grande enquête* avec Harris Interactive afin de dresser le portrait et l’état d’esprit des chrétiens d’aujourd’hui (catholiques, protestants et orthodoxes). L’institut a posé des questions d’intérêt et de proximité pour estimer au plus près leur nombre.
46% de la population française, soit 24 millions de français de 18 ans ou plus, se déclarent chrétiens ou proches de la religion chrétienne, dont 90% déclarent être baptisés. C’est proche d’un Français sur deux. Verre à moitié vide ou verre à moitié plein ? Dans le débat sur le déclin de la culture chrétienne en France, et la montée d’autres religions, l’information est précieuse. Naturellement, tous les chrétiens n’ont pas le même degré d’attachement, de pratique ou de conviction, sans parler de la foi qui est difficilement mesurable sans plonger dans le secret des consciences...
L’étude va plus loin sur leurs engagements et leurs pratiques. Leurs convictions sont à géométries variables : ils sont convaincus ou classiques (pratique régulière ou modérée de la religion), éloignés (non pratiquants mais en quête de sens) ou curieux (sans éducation chrétienne mais intéressés). Les deux dernières catégories sont majoritaires. Cela se traduit par des différences de niveaux d’engagements et de sensibilités. Seulement 46% considèrent que la religion est importante ou essentielle. Pour les autres, l’implication active dans la vie de l’église est épisodique. 36% se rendent dans un lieu de culte plusieurs fois dans l’année, soit 8,8 millions de personnes « pratiquantes ». Le tiers d’entre elles y vont au moins une à deux fois par mois, soit environ 3 millions de pratiquants réguliers. Rarement évoquée, la prière est une pratique répandue. Ils sont plus de 8 millions de Français à se recueillir et à prier au moins une fois par mois.
Les chrétiens viennent de tous les horizons : jeunes et vieux, actifs et retraités, classes populaires et supérieures. C’est une bonne nouvelle car cette diversité participe à l’universalité et à la richesse de l’Église. Dans ce contexte, pour un média comme Le Jour du Seigneur, fédérer les chrétiens est une mission à la fois essentielle et difficile.
Compte tenu de cette diversité, leurs visons de l’Église auraient pu être très divergentes. Il n’en est rien. Ils lui portent un même regard positif mais lucide, avec tout au plus des nuances selon l’âge et le profil.
Car si les chrétiens la jugent ouverte à tous à 80%, bienveillante à 76% et tolérante à 68%, ils souhaitent aussi qu’elle fasse encore mieux sur ces mêmes critères et soulignent aussi en grand nombre ses faiblesses sur les critères de dynamisme et de modernité, et son décalage avec la société.
Ils portent un regard critique et expriment de fortes attentes d’évolutions. Toutes les cibles souhaitent que l’Église aborde et acte un certain nombre de questions, qu’il s’agisse des abus sexuels dans l’Église (à 92%), du mariage des prêtres (87%) et de l’ordination des femmes (83%), par exemple. Ils se sentent aussi très concernés par la baisse du nombre de catholiques, le dialogue inter-religieux et l’intégrisme.
Ainsi, en dépit des différences de sensibilités, il serait illusoire pour l’Église de penser éviter tout débat sur l’évolution de son fonctionnement, la situation des prêtres ou la place des femmes en tentant de préserver un noyau dur de pratiquants assidus qui considérerait que toute évolution fragilise l’institution et remet en cause le sacré.
Ce serait également hypothéquer l’avenir. La tranche d’âge la plus susceptible de s’intéresser davantage à la foi chrétienne et de fréquenter un lieu de culte chrétien est celle des 25-34 ans. Des jeunes qui affichent la volonté d’engagement la plus forte dans les grandes causes.
L’Église ne devrait pas avoir peur du débat. Elle doit répondre à l’attente des jeunes et de ceux qui se sentent proches d’elle avec plus de dynamisme et de clarté. Une façon de se faire davantage entendre sur les questions de société.
Benoît CASSAIGNE
Président du CFRT / Le Jour du Seigneur
Ex-directeur exécutif de Médiamétrie
*Enquête réalisée en ligne par Harris Interactive / Toluna du 11 au 30 mai 2022. Échantillon de 1 271 individus se déclarant proches de la religion chrétienne ou pour lesquels elle est jugée utile (échantillon issu d’un échantillon national représentatif de 2 807 Français âgés de 18 ans et plus). Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
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