Au cours de sa dernière conférence de presse comme directeur du Festival, dans une très personnelle et émouvante lettre à l’adresse de Tiago Rodrigues qui lui succède, Olivier Py a offert à tous à la fois une magistrale et humble leçon de théâtre et de savoir-vivre, désignant, tel un leitmotiv, la béatitude d’un cœur pur comme principe et fin de tout engagement : “Bienheureux les cœurs purs” (Mt 5, 8)
Propre à la prédication de Jésus, et mieux encore à son être, autant que les Béatitudes sont un portrait du Christ lui-même, la “pureté du cœur” affleure sans cesse dans la littérature spirituelle ; des textes fondateurs de la tradition monastique à la fulgurante prédication de Maître Eckhart qu’Olivier Py aime fréquenter, dont il se nourrit et qui souvent émaillent sa propre écriture.
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Apparue chez les pères du désert en Égypte, dès les premiers siècles du christianisme, la “pureté du cœur” est reprise par Jean Cassien, qui au IVe siècle, suscite la vie monastique en Occident. À la dureté du cœur, la sclerocardia, qui menace tout être qui s’aigrit devant les difficultés de la vie, le chercheur de Dieu, le moine, s’ouvre à la “pureté du cœur”, à cette ouverture qui offre un chemin d’un possible aux apparences impossibles. Au désert, le peuple juif expérimente dans sa chair le cœur endurci devant les aspérités de la marche et tel le mouvement de son âme, il apprend à ne pas se contracter, à ne pas se fermer. Tel est aussi l’enjeu existentiel de celui qui prend des responsabilités et que l’on somme de toujours mieux agir ou d’abdiquer : Garder son âme pur, loin des tumultes du monde, et poursuivre sa route, à l’exemple de « Celui qui passant au milieu d’eux allait son chemin » (Lc 4,30).
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Dans la prédication de Maître Eckhart qui, en 1328, défend sa cause devant le pape Jean XXXII, à Avignon, avant de disparaître, nul ne sait où ni quand, la “pureté du coeur” confine au détachement : “qu’est-ce que la pureté du cœur ? La pureté du cœur, c’est d’être abandonné, détaché de toute chose et recueilli en soi-même et, à partir de cette pureté, de se jeter en Dieu et là, d’être un avec Celui qui est”. (Sermon allemand n°5)
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Ce détachement affleure dans “Ma jeunesse exaltée” créé à la Fabrica, au mois de juillet 2022, quand Olivier Py nous laisse entendre, à la manière de Maître Eckhart, que “l’abandon est l’essence de l’éternité”. En effet, ce qui est donné, sans retour sur soi et abandonné aux multitudes, est en soi une réalité d’éternité.
En 2014, sur l’affiche de la première saison du Festival dirigé par Olivier Py arborait une rose. Aujourd’hui, à la lumière de la “pureté du coeur”, cette rose apparaît désormais comme un emblème - l’essence même du détachement - dont la poésie d’Angelus Silesius, disciple de Maître Eckhart, offre toute sa beauté : “La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit, n’a garde à sa beauté, ne cherche si on la voit.”
Lire l'intégralité de la lettre d’Olivier Pysur le site de Télérama
Frères Remy Vallejo et Thierry Hubert
Propre à la prédication de Jésus, et mieux encore à son être, autant que les Béatitudes sont un portrait du Christ lui-même, la “pureté du cœur” affleure sans cesse dans la littérature spirituelle ; des textes fondateurs de la tradition monastique à la fulgurante prédication de Maître Eckhart qu’Olivier Py aime fréquenter, dont il se nourrit et qui souvent émaillent sa propre écriture.
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Ce détachement affleure dans “Ma jeunesse exaltée” créé à la Fabrica, au mois de juillet 2022, quand Olivier Py nous laisse entendre, à la manière de Maître Eckhart, que “l’abandon est l’essence de l’éternité”. En effet, ce qui est donné, sans retour sur soi et abandonné aux multitudes, est en soi une réalité d’éternité.
En 2014, sur l’affiche de la première saison du Festival dirigé par Olivier Py arborait une rose. Aujourd’hui, à la lumière de la “pureté du coeur”, cette rose apparaît désormais comme un emblème - l’essence même du détachement - dont la poésie d’Angelus Silesius, disciple de Maître Eckhart, offre toute sa beauté : “La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit, n’a garde à sa beauté, ne cherche si on la voit.”
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