Rencontre “Foi & Culture” avec Marie Vialle à la chapelle des Italiens, le mardi 12 juillet 2022.
« Qu’il entende, celui qui a des oreilles qu’il entende ! » Dans le cloître des Célestins résonne le sermon d’un pasteur : Simone Pease Cheney, un homme de Dieu américain, un compositeur, qui le premier, durant la seconde moitié du XIXe siècle, tente de retranscrire le chant des oiseaux pour les instruments et la voix humaine.
Marie Vialle, à partir d’un texte de Pascal Quignard, nous introduit dans l’histoire de cet homme et l’enrichit comme seul le théâtre sait le faire au gré des “Wood notes wild” écrites par Simone Pease Cheney lui-même.
À voir
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Simone est veuf ; inconsolable. Son épouse qu’il aimait tant est décédée en donnant naissance à leur fille. Quand Rosemund atteint l’âge de sa mère défunte, Simone la chasse de peur de trop l’aimer, puis s’enferme dans le jardin dont sa femme prenait soin. Là, tous les liens se brisent et pourtant, dans l’écoute attentive des petits riens, de l’eau qui perle d’un seau au cri de la paruline à gorge noire ou de la grive solitaire, Dieu n’est jamais loin, alors même que « pour la beauté de la nature, Simone avait délaissé Dieu ».
Dans un texte nourri d’un terreau biblique, Dieu n’est pas cependant absent et la nature ne le remplace nullement. Elle accompagne son retrait silencieux et sa présence se confond in fine avec son commencement. Dans sa littéralité, le livre de la Genèse s’ouvre par ces mots : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre”. Or, “Bereshit bara Elohim…” nous désigne en grec un “principe” et en hébreu une “tête” dans laquelle sont toutes choses. Dès lors, selon Simone Pease Cheney, “le vrai nom de Dieu c’est le commencement et le commencement commence avant Dieu même”.
À lire également
Lors de la rencontre “Foi & Culture”, l’échange avec Marie Vialle nous a offert de découvrir un peu plus les fruits de “ce jardin qu’on aimait”, un “Geneseo” au-delà même d’un jardin d’Eden.
Comédienne et metteur en scène, Marie Vialle, aime la précision de la langue de Pascal Quignard qui fait que « le monde est là ». Elle travaille avec lui sur son œuvre depuis près de quinze ans. Tout y parle de la musicalité des êtres et des choses quand « tout peut devenir musique dans une oreille ouverte à tous les sens ».
Le chant des oiseaux, au gré d’une interprétation ornithologique hors pair, devient le langage des retrouvailles, quand d’une réalité atone sous les platanes des Célestins, à la tonalité musicale retrouvée, s’ouvre, sur le cuivre oxydé comme une eau, la possibilité d’une danse du père avec sa fille. Les oiseaux sont assidus à la leçon qu’ils donnent. Ils disent de façon péremptoire des évidences que l’oreille humaine n’est point formée à entendre. Et le langage, le nôtre comme celui des oiseaux, toujours nous échappe.
Ainsi, quand « les étoiles se mettent à chanter des airs de bergers », c’est une fraternité nouvelle qui s’envisage ; murmures silencieux d’un voisinage sensible.
frère Charles DESJOBERT, op et frère Remy VALLEJO
« Qu’il entende, celui qui a des oreilles qu’il entende ! » Dans le cloître des Célestins résonne le sermon d’un pasteur : Simone Pease Cheney, un homme de Dieu américain, un compositeur, qui le premier, durant la seconde moitié du XIXe siècle, tente de retranscrire le chant des oiseaux pour les instruments et la voix humaine.
Marie Vialle, à partir d’un texte de Pascal Quignard, nous introduit dans l’histoire de cet homme et l’enrichit comme seul le théâtre sait le faire au gré des “Wood notes wild” écrites par Simone Pease Cheney lui-même.
À voir
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Simone est veuf ; inconsolable. Son épouse qu’il aimait tant est décédée en donnant naissance à leur fille. Quand Rosemund atteint l’âge de sa mère défunte, Simone la chasse de peur de trop l’aimer, puis s’enferme dans le jardin dont sa femme prenait soin. Là, tous les liens se brisent et pourtant, dans l’écoute attentive des petits riens, de l’eau qui perle d’un seau au cri de la paruline à gorge noire ou de la grive solitaire, Dieu n’est jamais loin, alors même que « pour la beauté de la nature, Simone avait délaissé Dieu ».
Dans un texte nourri d’un terreau biblique, Dieu n’est pas cependant absent et la nature ne le remplace nullement. Elle accompagne son retrait silencieux et sa présence se confond in fine avec son commencement. Dans sa littéralité, le livre de la Genèse s’ouvre par ces mots : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre”. Or, “Bereshit bara Elohim…” nous désigne en grec un “principe” et en hébreu une “tête” dans laquelle sont toutes choses. Dès lors, selon Simone Pease Cheney, “le vrai nom de Dieu c’est le commencement et le commencement commence avant Dieu même”.
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Le chant des oiseaux, au gré d’une interprétation ornithologique hors pair, devient le langage des retrouvailles, quand d’une réalité atone sous les platanes des Célestins, à la tonalité musicale retrouvée, s’ouvre, sur le cuivre oxydé comme une eau, la possibilité d’une danse du père avec sa fille. Les oiseaux sont assidus à la leçon qu’ils donnent. Ils disent de façon péremptoire des évidences que l’oreille humaine n’est point formée à entendre. Et le langage, le nôtre comme celui des oiseaux, toujours nous échappe.
Ainsi, quand « les étoiles se mettent à chanter des airs de bergers », c’est une fraternité nouvelle qui s’envisage ; murmures silencieux d’un voisinage sensible.
frère Charles DESJOBERT, op et frère Remy VALLEJO