Ce soir, nous retournons sur les bancs de l’école, et pas de n’importe laquelle… celle qui réunit les foules au mois de juillet dans la Cité des Papes depuis quasi 80 ans : la “terre sainte” avignonnaise ! Dans le cloître des Célestins, c’est donc par pans entiers que le festival né en 1947 défile sous nos yeux et prend un coup de jeune très revigorant grâce aux élèves débordants de vie d'une autre école, la Manufacture de Lausanne. Tour à tour, avec une énergie de groupe communicative, ils ressuscitent Alain Cuny, Gérard Philippe, doña Prouhèze et tant d’autres ! Et quel plaisir de revivre cette histoire longue (même sans la connaître sur le bout des doigts ni saisir toutes les références), de rencontrer en chair et en os ces légendes et monuments passés et présents, ces géniales étoiles et leurs admirateurs ou critiques, riverains ou Parisiens, ces moments d’anthologie, polémiques ou glorieux…! De ce joyeux patchwork, rapiécé par de jeunes talents avec folie, talent et générosité, se tisse une tunique unifiée, une seule “pièce”, transmise jusqu’à nous par les multiples fils de cette école invisible et collective : Avignon.

Le frère Thomas présente "Avignon, une école" et "Qui som ?"

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Tout à coup, les archives (radio, photo, télé…) de tous ces fantômes prennent chair sous nos yeux. Nous revenons au miracle du théâtre : passer de deux à trois dimensions, à partir d’écrits ou d’archives audio, photo, vidéo, qui avaient réduit les trois dimensions à deux… s’impose alors avec une grande justesse qu’il nous fallait ces nouveaux venus pour nous abreuver aux diverses sources du festival, qui se rejoignent en un seul fleuve au fil des numéros mimés, chorégraphiés, en playback... 

D’aucuns ont parlé de caricature dans cette restitution, ou de nombrilisme dans le choix du sujet, mais c’est là ne pas comprendre, d’une part, qu’il y a un humour tendre qui s’avère plus juste et plus profond qu’un traitement soi-disant plus équilibré et réfléchi du sujet, ni d’autre part qu’il est très beau de célébrer ensemble non pas “nous-mêmes”, mais la réussite d’une TRANSMISSION dans le théâtre. La transmission entre les générations, l’avènement d’une “relève” créatrice et libre en même temps que bien nourrie par ses pères et mères… celle-ci manque parfois cruellement, jusque dans les milieux artistiques ! Or ici, nous sommes éblouis par la jouissance manifeste que ces jeunes génies suisses ont eue à être innervés par tous les pores de leur peau et les inflexions de leurs voix par celles et ceux qui les ont précédés et qu’ils imitent…

Le frère Charles présente "Avignon, une école", de Fanny de Chaillé

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“La Suisse déplace, la Suisse bouleverse, la Suisse dérange”, grondent les acteurs helvètes face au public : qu’à cela ne tienne, nous en redemandons ! “Grand-remplacez"-nous, le festival s’en voit enrichi. Vous avez, avec votre maître d'œuvre Fanny de Chaillé, rendu hommage au mot “fête” contenu dans “festival”, et donné de belles lettres de noblesse au rire avignonnais, qui touche évidemment à l’universel : la joie du jeu !

frères Thomas Carrique, Charles Desjobert, Thierry Hubert et Rémy Valléjo

Création 2024 du festival d’Avignon, Cloître des Célestins.