Créé en 2015 pour accueillir 2000 réfugiés, le camp de Moria en comptait plus de 19 000 en 2020. La situation s’est lourdement aggravé en mars de cette année-là quand le camp s’est retrouvé isolé du reste du monde en raison de l’épidémie du coronavirus. C’est dans ce contexte de désastre humanitaire que le père Maurice Joyeux, du service Jésuite des Réfugiés, revient à Moria avec Mortaza Behboudi, journaliste. Ils sont rejoints par la réalisatrice Laurence Monroe. Caméra au poing, de mars à septembre 2020, l’équipe partage le quotidien de ces exilés, contraint de vivre dans des conditions indignes, sans eau, sans hygiène, sans soin, sans éducation, sans revenus. Le plus grand camp de réfugiés d’Europe s’est transformé en un gigantesque bidonville et une prison à ciel ouvert. C’est l’enfer.
Etre présent, écouter, observer fut la première priorité de Maurice Joyeux. Il accueille la colère des demandeurs d’asile, leur fatigue, leur découragement face à leur sentiment d’abandon de la part de la communauté européenne et internationale alors qu’ils ont risqué leur vie pour arriver là, qu’ils ont juste fui la guerre, les persécutions. De rétention, le camp est devenu un camp de détention où ils attendent un rendez-vous qui ne vient pas pour avancer dans leur dossier. Où sont les droits de l’homme, l’accueil chrétien ?
Maurice Joyeux a repéré le travail d’Elahah, une jeune femme qui apprend à lire aux enfants et il accompagne son rêve d’avoir une école où instruire les plus jeunes. Candy, une africaine médecin, pallie l’engorgement de l’hôpital de fortune installé dans le camp. Se réconforter en aidant les autres c’est la solution qu'Abdoulaye a trouvé pour ne pas sombrer.. Dans une autre école, Massi accueille les différentes communautés congolaise, somalienne et afghane pour instruire mais aussi pour occuper les journées, donner de l’espoir. Pour les jeunes en danger parce que désœuvrés, l’apprentissage de la guitare leur permet d’exprimer sentiments et émotions.Olivier, journaliste congolais, aide le père Joyeux dans le camp dans la mise en place d'une solidarité alimentaire.
Protestez, existez, entretenez l’espoir, encourage Maurice Joyeux. Face à la détresse, il prône aussi de faire valoir le beau et le bon, le meilleur des remèdes.
En juillet, l’Europe accueille quelques centaines de réfugiés mais il en reste toujours 17 000 à Moria où le confinement dans le camp a été prolongé pour la 6ème fois. En septembre, le camp brûle entièrement. Les fleurs d’espérance qui avaient poussé là sous la forme de cahiers d’école, de guitares, de tableaux, de cerfs-volants ont été réduits en cendres. Un nouveau camp se créé.

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